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En passant




Sache que je
Bonne idée
Tout était dit
Quand tu danses
Le coureur
Juste quelques hommes
Nos mains
Natacha
Les murailles
On ira
En passant



Sache que je

Il y a des ombres dans « je t'aime » Pas de l'amour, pas que ça Des traces de temps qui traînent Y'a du contrat dans ces mots-là Tu dis l'amour a son langage Et moi les mots ne servent à rien S'il te faut des phrases en otage Comme un sceau sur un parchemin Alors sache que je Sache le Sache que je Il y a mourir dans « je t'aime » Il y a je ne vois plus que toi Mourir au monde, à ses poèmes Ne plus lire que ses rimes à soi Un malhonnête stratagème Ces trois mots là n'affirment pas Il y a une question dans « je t'aime » Qui demande, « et m'aimes-tu, toi ? » Alors sache que je Sache le Sache que je

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Bonne idée

Un début de janvier, si j'ai bien su compter Reste de fête ou bien voeux très appuyés De Ruth ou de Moïshé, lequel a eu l'idée ? Qu'importe j'ai gagné la course, et parmi des milliers Nous avons tous été vainqueurs, même le dernier des derniers Une fois au moins les meilleurs, nous qui sommes nés Au creux de nos mères qu'il faut bon mûrir Et puis j'ai vu de la lumière alors je suis sorti Et j'ai dit Bonne idée Y'avait du soleil, des parfums, de la pluie Chaque jour un nouveau réveil, chaque jour une autre nuit Des routes et des motards et des matches de rugby Des spaghetti, Fréderic Dard et Johnny Winter aussi On m'a dit c'est qu'une étincelle avant l'obscurité Juste un passage, un arc en ciel, une étrange absudité Des frères, des tendres, des trésors à chercher Des vertiges à prendre, à comprendre et des filles à caresser J'me suis dit Bonne idée Et puis y'a toi qui débarque en ouvrant grand mes rideaux Et des flots de couleurs éclatent et le beau semble bien plus beau Et rien vraiment ne change mais tout est différent Comme ces festins qu'on mange seul ou en les partageant Je marchais au hasard le soir était tombé Avec mon sac et ma guitare j'étais un peu fatigué Tout était si désert, où me désaltérer ? Et puis j'ai vu de la lumière et je vous ai trouvés Bonne idèe

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Tout était dit

Elle écrit seule à sa table et son café refroidit Quatre mètres infranchissables, un bar un après-midi J'avais rendez-vous je crois, j'avais pas le temps Avec un pape ou peut-être un président Mais la fille est jolie Et les papes sont sûrement patients Elle était là dans son monde, son monde au beau milieu du monde Loin, ses yeux posés ailleurs, quelque part à l'intérieur Plongée dans son livre, belle abandonnée En elle je lis tout ce qu'elle veut cacher Dans chacun de ses gestes un aveu, un secret dans chaque attitude Ses moindres facettes trahies bien mieux que par de longues études Un pied se balance, une impatience, et c'est plus qu'un long discours Là, dans l'innocence et l'oubli Tout était dit On ne ment qu'avec des mots, des phrases qu'on nous fait apprendre On se promène en bateau, pleins de pseudo de contrebande On s'arrange on roule on glose on bienséance Mieux vaut de beaucoup se fier aux apparences Aux codes de corps Au langage de nos inconsciences Muette étrangère, silencieuse bavarde Presque familière, intime plus je te regarde Dans chacun de tes gestes un aveu, un secret dans chaque attitude Même la plus discrète ne peut mentir à tant de solitude Quand ta main cherche une cigarette c'est comme une confession Que tu me ferais à ton insu À ta façon de tourner les pages, moi j'en apprends bien davantage La moue de ta bouche est un langage, ton regard un témoignage Tes doigts dans tes cheveux s'attardent, quel explicite message Dans ton innocence absolue Et ce léger sourire au coin des lèvres c'est d'une telle indécence Il est temps de partir, elle se lève, évidente, transparente Sa façon de marcher dans mon rêve, son parfum qui s'évanouit Quand elle disparait de ma vie Tout était dit

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Quand tu danses

J'ai fait la liste de ce qu'on ne sera plus Quand tu danses, quand tu danses Mais que deviennent les amoureux perdus Quand tu danses, y songes-tu ? Quand tu danses, y songes-tu ? Amis non, ni amants, étrangers non plus Quand tu danses, quand tu danses Mais quel après, après s'être appartenus ? Quand tu danses, y songes-tu ? Quand tu danses, y songes-tu ? Je crois bien que j'aurai besoin de te voir Quand tu danses, quand tu danses Sans te parler, ni déranger, mais te voir Quand tu danses, y songes-tu ? Quand tu danses, y songes-tu ? Et toutes les peines, toutes, contre une seule de nos minutes Mais n'être plus rien après tant, c'est pas juste Quand tu danses, y songes-tu ? Quand tu danses, y songes-tu ? Et j'ai fait la liste de ce qu'on ne sera plus Mais que deviennet les amours éperdues ? Quand tu danses, y songes-tu ? Quand tu danses, y songes-tu ?

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Le coureur

Je courais sur la plage abritée des alizés Une course avec les vagues, juste un vieux compte à régler Pieds nus comme couraient mes ancêtres oh j'ai bien vu derrière ses lunettes Un type avec un chronomètre Je suis rentré au soir quand les vagues ont renoncé Il était déjà tard mais les parents m'attendaient Y'avait l'homme bizarre à la table, ma mère une larme, un murmure Des dollars et leur signature J'ai pris le grand avion blanc du lundi Qu'on regardait se perdre à l'infini J'suis arrivé dans le froid des villes Chez les touristes et les automobiles Loin de mon ancienne vie On m'a touché, mesuré comme on fait d'un cheval J'ai couru sur un tapis, pissé dans un bocal Soufflé dans un masque de toutes mes forces, accéléré plein d'électrodes Pour aller jusqu'où j'avais trop mal On m'a mis un numéro sur le dos Y'avait des gens qui criaient, des drapeaux On courait toujours en rond, des clous aux deux pieds pour écorcher la terre Je la caressais naguère J'ai appris à perdre, à gagner sur les autres et le temps À coups de révolver, de course en entraînement Les caresses étranges de la foule, des podiums Et les coups de coude Les passions, le monde et l'argent Moi je courais sur ma plage abritée des alizés Une course avec les vagues, juste un vieux compte à régler Puis le hasard a croisé ma vie J'suis étranger partout aujourd'hui, Était-ce un mal, un bien ? C'est ainsi

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Juste quelques hommes

Après les brumes, où commence le ciel Où les aigles reculent, où manque l'oxygène Où les grands froids règnent même au soleil Aux neiges éternelles Où rien ne pousse, où les âmes s'éteignent Où plus rien ne frissonne Plus rien ni personne Juste quelques hommes Quelques hommes Au fond des fonds aux entrailles des mers Où les sirènes sombrent en leurs sombres repaires Plus loin que loin, aux extrêmes extrêmes Où plus un être n'ose Des astres éteints au sein des volcans même Où les laves fusionnent Ni rien, ni personne Juste quelques hommes Quelques hommes Au plus sauvage, où renoncent les fauves Dans les grands marécages où les humains pataugent Au bout du mal, où tous les dieux nous quittent Et nous abandonnent Dans ces boues noires où même les diables hésitent À genoux pardonnent Juste quelques hommes Quelques hommes justes Quelques hommes justes

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Nos mains

Sur une arme les doigts noués Pour agresser, serrer les poings Mais nos paumes sont pour aimer Y'a pas de caresse en fermant les mains Longues, jointes en une prière Bien ouvertes pour acclamer Dans un poing les choses à soustraire On ne peut rien tendre les doigts pliés Quand on ouvre nos mains Suffit de rien dix fois rien Suffit d'une ou deux secondes À peine un geste, un autre monde Quand on ouvre nos mains Mécanique simple et facile Des veines et dix métacarpiens Des phalanges aux tendons dociles Et tu relâches ou bien tu retiens Et des ongles faits pour griffer Poussent au bout du mauvais côté Celui qui menace ou désigne De l'autre on livre nos vies dans les lignes Quand on ouvre nos mains Suffit de rien dix fois rien Suffit d'une ou deux secondes À peine un geste, un autre monde Quand on ouvre nos mains Un simple geste d'humain Quand se desserrent ainsi nos poings Quand s'écartent nos phalanges Sans méfiance, une arme d'échange Des champs de bataille en jardin Le courage du signe indien Un cadeau d'hier à demain Rien qu'un instant d'innocence Un geste de reconnaissance Quand on ouvre comme un écrin Quand on ouvre nos mains.

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Natacha

De mes tristesses me reste un grand manteau Qui laisse passer le froid De ces lambeaux de jeunesse un vieux chapeau Qui ne me protège pas Je sais mieux choisir un chemin, Me méfier d'une main Tu vois je ne sais rien Le temps qui passe ne guérit de rien Natacha Toi tu le sais bien De mille ans de froid, de toundra De toutes ces Russie qui coulent en toi De trop d'hivers et d'espoirs et d'ivresse Au chant des Balalaïkas Tu dis qu'on a peur et qu'on glisse en ses peurs Comme glissent les nuits de Viatka Dans chacun de tes baisers Natacha C'est tout ça qui m'attache à toi

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Les murailles

Géantes ces murailles bâties de pierres et de sang Plus hautes que les batailles, défiant le poids des ans Aujourd'hui quatre vents feraient s'envoler ses tours Et l'on jurait avant que ça durerait toujours Corons, terrils au nord, litanie des paysages Aux vivants comme aux morts, la mine histoire et langage Ce charbon peine et chance, chaque mineur l'a vécu Mais un jour ce silence, oh pas un ne l'aurait cru Et j'avais fait des merveilles en bâtissant notre amour En gardant ton sommeil, en montant des murs autour Mais quand on aime on a tort, on est stupide, on est sourd Moi j'avais cru si fort que ça durerait toujours

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On ira

On partira de nuit, l'heure où l'on doute Que demain revienne encore Loin des villes soumises, on suivra l'autoroute Ensuite on perdra tous les nords On laissera nos clés, nos cartes et nos codes Prisons pour nous retenir Tous ces gens qu'on voit vivre comme s'ils s'ignoraient Qu'un jour il faudra mourir Et qui se font surprendre au soir Oh belle, on ira On partira toi et moi, où ?, je sais pas Y'a que les routes qui sont belles Et peu importe où elles nous mènent Oh belle, on ira, on suivra les étoiles et les checheurs d'or Si on en trouve, on cherchera encore On n'échappe à rien pas même à ses fuites Quand on se pose on est mort Oh j'ai tant obéi, si peu choisi petite Et le temps perdu me dévore On prendra les froids, les brûlures en face On interdira les tiédeurs Des fumées, des alcools et des calmants cuirasses Qui nous ont volé nos douleurs La vérité nous fera plus peur Oh belle, on ira On partira toi et moi, où?, je sais pas Y'a que des routes qui tremblent Les destinations se ressemblent Oh belle, tu verras On suivra les étoiles et les chercheurs d'or On s'arrêtera jamais dans les ports Belle, on ira Et l'ombre ne nous rattrapera peut-être pas On ne changera pas le monde Mais il nous changera pas Ma belle, tiens mon bras On sera des milliers dans ce cas, tu verras Et même si tout est joué d'avance, on ira, on ira Même si tout est joué d'avance À côté de moi, Tu sais y'a que les routes qui sont belles Et crois-moi, on partira, tu verras Si tu me crois, belle Si tu me crois, belle Un jour on partira Si tu me crois, belle Un jour

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En passant

Toutes les ébènes ont rendez-vous Lambeaux de nuit quand nos ombres s'éteignent Des routes m'emmènent, je ne sais où J'avais les yeux perçants avant, je voyais tout Doucement reveinnent à pas de loup Reines endormies, nos déroutes anciennes Coulent les fontaines jusqu'où s'échouent Les promesses éteintes et tous nos voeux dissous C'était des ailes et des rêves en partage C'était des hivers et jamais le froid C'était des grands ciels épuisés d'orages C'était des paix que l'on ne signait pas Des routes m'emmènent, je ne sais où J'ai vu des oiseaux, des printemps, des cailloux En passant Toutes nos défaites ont faim de nous Serments résignés sous les maquillages Lendemains de fête, plus assez saouls Pour avancer, lâcher les regress trop lourds Déjà ces lents, ces tranquilles naufrages Déjà ces cages qu'on n'attendait pas Déjà ces discrets manques de courage Tout ce qu'on ne sera jamais, déjà J'ai vu des bateaux, des fleurs, des rois Des matins si beaux, j'en ai cueilli parfois En passant

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